LA PETITE HISTOIRE
Ainé d'une famille de 7 enfants, je garde de mon enfance un souvenir impérissable, fondateur dans mon parcours ou la recherche du lien aux autres est constante.
D'aussi loin que je me souvienne, nous avons toujours chanté à la maison, ma mère qui a été "guidouille" garde en mémoire une quantité astronomique de canons, chants de marche et autre que nous chantions à tue tête à la moindre occasion, notre cadre privélégié était la deudeuche ou nous étions entassés comme en caque.
La musique a fait partie de notre éducation au même titre que le sport, après quelques cours de solfége nous avons, avec mon frère cadet, intégré le conservatoire de Caen, lui au violon, moi en classe de violoncelle j'avais 9 ans.
On ne peut pas dire que la relation avec mon premier instrument fut grandiose et je remercie Mme Lepinte, grande dame du violoncelle, qui m'incita à aller voir le modéle au dessus dans la clase d'à côté, j'avais 16 ans.
Là se fut une révélation, un choc, je me sentais à l'aise, l'instrument vibrait en moi, un déclic s'est produit un sens est arrivé, aussitôt je consacrais toute mon énergie à la contrebasse.
Alors que je rentrais en autostop de Bayeux ou j'étais scolarisé, la compagne de mon prof d'anglais, saxophoniste amateur m'embarque, c'est ainsi que j'ai intégrè ma première formation Jazz Devil. L'ambiance, l'humour, la sensation de liberté tout m'a happé et l'année suivante après avoir obtenu mon Bac D au Lycée Malherbe de Caen, j'ai été happé par la musique, l'été, j'étais sauveteur en mer la journée et je jouais dans les cabarets le soir.
Les rencontres et les relations humaines ont tracé mon parcours.
La première personne déterminante dans ma vie de musicien est Fabrice Béguin, contrebassiste de l'Ensemble Instrumental de Basse-Normandie, il est hors classe doté d'un talent époustouflant, il m'a épaulé, conseillé, aidé, fait travailler en orchestre.
Avec la contrebasse j'ai découvert l'univers du jazz qui m'a passionné de suite, l'improvisation permet la liberté de voyager dans sa tête selon l'inspiration du moment, c'est une sensation unique qui me changeait radicalement de la contrainte de la partitition.
En revanche les musiciens de jazz en manque de reconnaissance se sont révélés par leur intégrisme des plus pénibles, j'ai découvert que j'exécre les chapelles de quelque ordre soient elles.
Robert Weddle qui dirigeait la maîtrise de conservatoire de Caen m'a engagé plusieurs années de suite dans ses spectacles jeune public, costumé déjà la tentation des planches se précisait.
Ma connaissance des standarts du jazz m'a permis de rencontrer Abe Jansens pianiste crooner qui connaissait tout Kurt Weil et Gerswhin, il m'a engagé 2 jours par semaine deux mois durant, l'été 1987.
L'année suivante Roger Taillot alors directeur du artistique du casino de Deauville me contacte pour faire "la main gauche" de l'organiste Jimmy Smith qui s'était cassé le bras, une rencontre fabuleuse avec l'histoire de la musique dans ce qu'elle a de plus revendicatif, jouer avec un artiste noir américain de ce talent qui a vécu les ségrégations et créé son propre style, a été un électrochoc, une prise de conscience que chaque note jouée à un sens profond qui se doit de porter son idée du monde.
Par gout j'aime toutes les musiques ainsi j'ai croisé la route de René Enjalbert et Jean Durand respectivement violoniste et pianiste, deux musiciens d'exception qui m'ont formé à la musique tzigane, j'ai appris avec eux la proximité, jouer à 20 cm du public aller directement aux émotions, ils m'ont permis de créer le concept du close up musical en l'élargissant les styles musicaux.
A 14 ans j'ai eu ma premièr guitare, le pied pour pouvoir massacrer allégrement Brassens, Brel, Leforestier .... j'ai toujours éprouvé un réel plaisir à chanter et j'adore la chanson.
J'ai commencé tout d'abord par accompagner des chanteurs ou faire partie de spectacles chantés deux expériences m'ont marqué de manières radicalement différentes; Jean-Claude Meurisse qui m'a emmené dans tous les contextes, du théâtre du Tourtour en sous-sol au pied de Beaubourg, jusqu'aux premières parties de Céline Dion au Zénith de Paris en passant aussi par le Canada, la Hongrie.... la chanson peut se révéler un passeport d'échanges et des rencontres incroyable.
"Le Grand Benêt ouvre ses portes" avec Benn Valter et Sam trompette, un univers à part, une écriture d'exeption, une de mes plus belles expérience artistique, la sensation d'embarquer le public ailleurs dans une énergie.
Les années 90-95 ont été riches en rencontres et créations en tous genres, avec Charly Venturini du Papillon Noir Théâtre dans Bouvard et Pécuchet de Flaubert, j'étais musicien bruiteur, personnage ... là aussi un travail d'exception, c'est Charly qui m'a baptisé Tonino.
Avec mes compositions j'ai créé "Les Grands-Mères dans les Cordes" qui a connu un démarrage fantastique au Zénith de Caen, j'ai porté le groupe pendant 10 ans, nous avons fait 5 albums, une belle aventure ou André Marin a toujours été présent, cela a été possible grace Jean-Pierre Tiphaigne, directeur de l' odacc qui m'avait donné carte blanche ! innimaginable aujourdhui !
Cependant ma plus belle création est mon fils Mathis né le 11 septembre 1995 !
En 99, à l'occasion des 80 ans de René Enjalbert j'ai reformé Big Band Sur Mer, 20 musiciens sur scène, c'est ma plus grande sensation musicale, chanter Night & Day avec les cuivres qui vous saisissent donne un frisson incomparable, il y a comme dans l'orchestre classique l'émotion du son lié au nombre de musiciens avec l'énergie en plus, l'apothéose a été la tournée Bessin 2004.
Hubert travert est un homme singulier, clarinetiste, faiseur de chanson, créateur de pestak comme il se plait à dire, c'est avec lui que je fais le clown Pitchounet dans TTZ.
Au regard du parcours on voit bien mon côté extraverti, il est vrai que les planches ont toujours été un lieu ou je me sens bien, quasi en sécurité, cependant les lectures avec Sylvie Robe et Sophie Lucet repectivement lectrice et auteure m'ont beaucoup apporté en travaillant au service du texte sur l'intime.
2007 a été un tournant dans ma vie à tous points de vue et j'ai eu envie de m'impliquer différement en recherchant plus un sens global qu'un aboutissement personnel, c'est ainsi que j'ai intégré le Bazarnaom, collectif mutualisé d'artistes et techniciens du spectacle réunissant une quinzaine de compagnies et une trentaine d'artistes.
Après avoir beaucoup travaillé seul malgré les multiples rencontres et collaborations, avec le Bazarnaom, j'ai trouvé un lieu d'échange pluridisciplinaire extraordinaire, un concentré de compétences incroyable au service du spectacle vivant ( musique, déco, son, vidéo, lumière, radio, photo, régié générale, construction, théâtre,mise en scène, spectacle de rue...) le couteau suisse de l'évènement ! C'est parfois un lieu animé lié aux personnalités fortes ou il est facile de s'y perdre tant tout est possible et dans le même temps une base solide de construction de projets en tous genres, ou l'on peut se retrouver dans d'autres disciplines que la sienne à faire avancer une opération, ce fut le cas par exemple en mars 2013 ou pour le Bazarnaom IV tout est parti de la décoration.
Voici donc mon petit condensé de parcours en émotions je reste ouvert réceptif et attentif aux rencontres !